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Le Brexit, peut-il avoir une influence sur la performance commerciale de votre filiale anglaise ?

Rédigé par Hervé de Riberolles | 18 oct. 2019

La décision des Britanniques de quitter l’Union Européenne traduit un échec collectif et représente une régression pour le continent européen. Mais, acquise en juin 2016 où 51,9% des Britanniques ont exprimé leur souhait de quitter l’Union Européenne, elle se doit d'être respectée. Le « Brexit », ou abréviation de « British Exit » a été acté par le déclenchement de l’article 50 du traité sur l’UE, le 29 mars 2017. À partir de cet instant, le Royaume-Uni de Theresa May, la Première Ministre britannique, avait deux ans pour préparer sa sortie effective de l’Union en concertation avec les 27 autres états membres. Après l'accord obtenu par Boris Johnson le 17 octobre 2019 à Bruxelles, l'Europe s'attend à voir définitivement partir le Royaume-Uni le 31 octobre.

Alors que plus de la moitié des exportations britanniques sont destinées au marché européen, les négociations autour de la définition du nouveau cadre d’échange de biens et de services sont toujours en cours. Quel sera l’impact des nouvelles procédures douanières britanniques sur la performance des entreprises et plus particulièrement sur leurs filiales anglaises ? Comment estimer l'impact sur la performance commerciale des entreprises installées outre-Manche ?

Le Brexit, une baisse de compétitivité annoncée pour les entreprises

Le challenge de la rétention des talents dans un contexte de forte délocalisation

Le Brexit a un impact direct sur la performance des entreprises. Du fait de l’instauration de droits de douanes, les prix augmentent mathématiquement, l’entreprise impactée devient par conséquent moins compétitive que ses concurrents en termes de prix et aura plus de difficultés à vendre.

Le Brexit a un effet direct sur la rétention des talents et des collaborateurs. Certaines entreprises anglaises seront contraintes de délocaliser des emplois et de les relocaliser sur des marchés où elles se portent bien. Ainsi, les sociétés anglaises, si elles veulent continuer à performer sur le marché européen, devront développer des filiales dans les pays où elles sont fortes et y relocaliser leurs services et leur production.

Le Royaume-Uni perd son attractivité auprès des entreprises étrangères. Une entreprise étrangère installée au Royaume-Uni peut estimer qu’il n’est plus intéressant économiquement d’y rester. Le sujet de la rétention des talents, notamment des profils rares et à haute valeur ajoutée, se pose sérieusement. Comment réussir à garder ses meilleurs talents ? Pour les inciter à ne pas rentrer dans leur pays d’origine, les entreprises devront trouver des solutions afin de garder une attractivité élevée.

 

Création de postes : quand la City se déplace

Sur certains secteurs d’activité clés, l’effet Brexit se fait déjà sentir. Certains grands acteurs de la finance annoncent qu’ils s’apprêtent à délocaliser des emplois et relocalisent progressivement leurs filiales à l’étranger. Londres et ses célèbres quartiers d’affaires envoient des financiers dans différents pays d’Europe comme la France, dont la capitale pourrait devenir une place financière stratégique. On estime que 70% du secteur financier britannique sera impacté par le Brexit.

D’après une enquête menée par l’agence Reuters analysant les répercussions du Brexit sur le secteur financier britannique, près de 10.000 postes pourraient être transférés du Royaume-Uni vers l’étranger. 

La banque américaine JP Morgan, qui emploie 16.000 personnes au Royaume-Uni, a prévenu vendredi qu'elle pourrait déplacer 1.000 à 4.000 emplois hors du pays à la suite de la victoire du Brexit au référendum.

Les entreprises françaises seront touchées

Selon le cabinet Euler Hermes, la France pour faire partie des 6 pays les plus touchés par le Brexit notamment si des accords de libre-échange ne sont pas conclus avec l'UE dans les mois qui viennent. Selon certaines études, les entreprises françaises pourraient perdre en exportation jusqu'à 3,2 milliards d'euros, dans le pire des cas. Cela représente tout de même 0,5% du total des exportations de biens et services de la France.

Les effets du Brexit s’étendent au-delà des frontières européennes

Bras de fer commercial américano-européen : quand Harley-Davidson décide de délocaliser une partie de sa production en Europe

Le célèbre constructeur moto Harley-Davidson a annoncé en juin dernier sa volonté d’installer une partie de sa production en Europe dans le but d’éviter les tarifs douaniers imposés récemment par l’Union Européenne. Cette dernière, en représailles à la décision de Donald Trump d’imposer des tarifs douaniers sur l’acier et l’aluminium européens importés par les États-Unis, a décidé d’appliquer des taxes douanières sur certains produits américains. Les légendaires motos Harley-Davidson sont concernées.

La réponse de la marque ne s’est pas fait attendre. Selon elle, les nouveaux droits de douanes entraîneraient une hausse de 2.200 dollars soit 1.900 euros en moyenne par moto exportée vers l’Union Européenne. Sachant que le prix d’achat du modèle d’entrée de gamme de la marque s’élève en France aux alentours de 7.900 euros, il y a fort à parier qu’une moto exportée et vendue au nouveau prix de 9.800 euros sera plus difficilement accessible pour les consommateurs. Aussi, afin d’éviter cette hausse considérable du prix de ses motos, Harley-Davidson a fait le choix de délocaliser en France. « Surpris que de toutes les compagnies Harley Davidson soit la première à hisser le drapeau blanc. Je me suis battu dur pour eux et finalement ils ne vont pas payer les droits de douane dans l'UE » déclarait sur Twitter le président américain Donald Trump.

Theresa May, en poste depuis 2016, prend un risque considérable en misant tout sur les producteurs locaux, généralement beaucoup moins compétitifs. Le consommateur final devra payer la différence et il est peu probable que l’ensemble de ses concitoyens soit en mesure d’acheter des voitures anglaises neuves à un prix trop élevé. Cette inflation, conséquence directe du Brexit, va développer logiquement le marché de la voiture d’occasion qui connaîtra un vrai boom. L’importation des véhicules neufs étant taxée, les véhicules d’occasion seront relativement plus abordables pour les britanniques au détriment de la production industrielle nationale qui risque de connaître une crise, entraînant avec elle d’autres secteurs, ravivant le spectre d’une catastrophe économique globale.