Si elle inquiète ou qu’elle questionne, l’IA fait déjà son entrée dans le monde de l’entreprise et devient incontournable pour les managers et les ressources humaines. Loin de menacer le savoir-faire de ces professionnels, elle les seconde pour mieux accompagner leurs collaborateurs. Comment l’IA contribue-t-elle à améliorer la gestion des compétences ? Réponses et pistes de réflexion.
Pour dénicher et convaincre les talents les plus rares et s’approprier ainsi les meilleures compétences, encore faut-il mener une campagne de recrutement efficace. Seulement, les recruteurs sont souvent submergés par des tâches chronophages où la moindre erreur peut les faire manquer leur cible. En matière de gestion des candidats, l’intelligence artificielle offre une palette d’outils qui permettent de gagner en productivité et en précision dans le processus de recrutement et jusqu’à l’intégration des nouvelles recrues.
Rédaction d’une offre d’emploi percutante, diffusion massive et ciblée sur les réseaux, chatbots personnalisés qui entrent en contact avec les candidats correspondant le mieux aux critères établis, mais aussi vérification des CV reçus, analyse des compétences du vivier de candidats sont autant de missions qu’il est possible de confier à l’intelligence artificielle et qui permettent aux recruteurs de se concentrer sur l’entretien d’embauche et la recherche des soft skills. En réduisant la marge d’erreur et en offrant la possibilité de se concentrer exclusivement sur les compétences recherchées, l’IA facilite les processus de recrutement et d’onboarding.
Et si les compétences les plus importantes pour l’entreprise étaient déjà présentes, mais indétectables ? Managers et ressources humaines ont parfois des difficultés à détecter tous les talents que possèdent déjà leurs collaborateurs et prédire les évolutions possibles. L’IA permet d’analyser les profils déjà à l’effectif et d’envisager des campagnes de mobilité interne et des processus d’accompagnement de transitions professionnelles. Le reskilling peut ainsi être accéléré, affiné et les talents les mieux cachés peuvent plus facilement se révéler.
L’IA est aussi un atout de taille dans l’upskilling. En détectant les lacunes de certains collaborateurs, ses différentes solutions proposent aussi des formations adaptées aux salariés et s’inscrivant dans la stratégie plus globale dans l’entreprise et les objectifs qu’elle s’est fixés. En s’appuyant sur les outils de l’IA pour accompagner ses équipes, le manager peut ainsi proposer des chemins de carrière plus pertinents et encadrer ainsi ses collaborateurs de façon plus personnalisée.
Cette auxiliaire efficace et polyvalente qu’est l’IA remodèle l’ensemble des métiers de l’entreprise et amène les professionnels à devenir encore plus experts de leurs propres métiers. Affranchis des tâches chronophages et répétitives, dotés d’une vision plus fine des compétences des uns et des autres, mieux informés des décisions à prendre et des stratégies à mettre en place, managers, ressources humaines ainsi que l’ensemble des collaborateurs peuvent se concentrer sur leur cœur de métier et déployer tout le talent humain que ne possède pas la machine.
Désormais, puisque certaines compétences ne seront plus nécessaires car remplaçables par la multitude d’outils proposés par l’IA, l’entreprise pourra se montrer plus exigeante sur les connaissances et savoirs-faire de précision demandés à ses collaborateurs. Cette révolution numérique en cours annonce l’ère de l’expertise de pointe. Tout ce que l’IA ne peut pas faire, ou pas aussi bien qu’un humain, l’humain devra le réaliser de la meilleure façon possible. Loin d’assister à la disparition programmée de la plupart des métiers, il s’agit au contraire d’une redéfinition de ceux-ci avec un virage à 180° en direction de la minutie, de la rigueur et des qualités humaines.
Pour savoir, grâce à l’IA, si la rémunération proposée est cohérente, il est impératif de garder à l’esprit que l’intelligence artificielle a besoin de beaucoup de données à compiler pour en tirer des conclusions. Or, le vocabulaire et les paramètres employés dans le domaine de la rémunération variable sont particulièrement complexes et précis et peuvent induire l’IA en erreur. Par exemple, si l’on étudie le commissionnement, la notion de moyenne va nécessairement être employée. Cependant, une “moyenne” est une notion extrêmement fluctuante, pouvant varier de plusieurs dizaines de milliers d’euros et n’est donc pas une base de réflexion appropriée. Néanmoins, l’IA prendra en compte les moyennes, sans distinguer les différences, prenant ainsi nécessairement le risque de commettre des erreurs.
D’autres éléments peuvent poser problème comme celle de “prime moyenne”, dont la définition et les enjeux peuvent échapper au raisonnement de l’IA. Toutes ces désignations expliquent pourquoi il est difficile de réaliser des études fiables sur la manière de verser la part variable de la rémunération aux collaborateurs. La plupart des analyses effectuées se fondent sur le salaire fixe et les attributions périphériques mais portent très rarement sur la rémunération variable car, en réalité, il est difficile d’être certain que cette nature soit correctement exprimée. De nos jours, cette difficulté n’est pas encore surmontée par l’intelligence artificielle.
Les managers et les RH ayant compris tout le bénéfice qu’il est possible de tirer de l’intelligence humaine pourront gérer la compétence de manière plus fine et plus judicieuse dans l’intérêt de l’entreprise et des collaborateurs. Pour diriger ses équipes sur le chemin du savoir-faire de pointe et maîtriser au mieux les compétences, les managers et les décideurs ne peuvent pas faire l’économie d’une solide formation à l’intelligence artificielle.