Alors que de nombreux dirigeants d’entreprise s’inquiètent des mois à venir, les patrons des ETI, eux, gardent le moral et envisagent l’avenir proche de façon sereine. Une étude récente indique même que leurs perspectives pour le reste de l’année 2024 sont si optimistes que leurs collaborateurs pourraient profiter d’augmentation de salaire, en dépit d’une inflation en baisse. Comment expliquer ce phénomène au sein des ETI et qu’est-ce que cet optimisme nous dit du marché de l’emploi en 2024 ? Éléments de réponse dans cet article.
Alors que de nombreux patrons affichent un certain pessimisme s’agissant de la croissance de leur entreprise dans les mois à venir, les dirigeants des ETI gardent le cap. Le cabinet Grant Thornton a ainsi interrogé 176 patrons d’ETI françaises et les chiffres qu’il révèle sont éloquents : ce n’est pas moins de 50% qui se disent sereins quant aux mois à venir et même 59% d’entre eux qui pensent voir leurs revenus augmenter, preuve d’un optimisme au-dessus du niveau européen, qui plafonne, lui, à 54%. On dénombre même 83% des patrons d’ETI prévoyant des augmentations de salaire généralisées au cours de l’année 2024.
Décarbonation, IA, les investissements sont également à l’honneur en cette année 2024. En dépit d’un contexte international marqué par les guerres et d’un recul général de la confiance, les ETI s’estiment en bonne santé et misent tout sur les transformations de leurs pratiques et leurs objectifs RH. L’intelligence artificielle est une priorité pour de nombreux chefs d’entreprise, puisque 56% d’entre eux prévoient toujours d’investir dans des solutions en lien avec l’IA, même si leur nombre recule de 10 points par rapport au premier trimestre 2023. Autre sujet de préoccupation, la rétention des collaborateurs. Pour limiter le turnover, près de 45% des patrons prévoient de miser sur la formation des salariés.
Limiter le turnover, attirer les meilleurs talents sont autant de sujets d’inquiétude pour les patrons des ETI. 22% d’entre eux indiquent avoir des difficultés à recruter, 11% affirment être préoccupés par la gestion des talents et la gestion des ressources humaines est une difficulté majeure pour 38% des dirigeants d’ETI. L’année 2024, marquée par un recul et une stabilisation de l’inflation, est aussi secouée par des tensions sur le marché du travail. Et contrairement à une idée reçue, le fait que l’inflation soit actuellement contenue ne permet pas pour autant une meilleure rétention des talents. Les dirigeants d’entreprise doivent ainsi continuer de déployer des trésors de créativité pour attirer les meilleurs collaborateurs et les retenir. Car se trouver les meilleurs collaborateurs, en cette période de transition économique, relève autant du luxe que du défi.
Au sein des ETI, l’année 2024 continue de voir des différences très nettes entre les actifs dotés de compétences particulièrement recherchées et ceux qui ne peuvent pas s’en prévaloir. Il en résulte des disparités importantes entre les collaborateurs et les candidats à l’embauche et des difficultés de recrutement accrues dans certains secteurs. Ces tensions chroniques sur le marché du travail amène, sans surprise, à une inflation salariale qui ne concerne pas tous les salariés. Cet état de fait explique en grande partie la volonté stratégique des patrons d’ETI de procéder à des augmentations salariales, en dépit d’une inflation maîtrisée.
Ces différences se manifestent aussi dans la difficulté d’accès à l’emploi, selon les catégories d’actifs. Ainsi, on observe un taux de chômage quasi inexistant auprès des cadres d’âge intermédiaire, tandis que le taux est nettement plus marqué chez les jeunes diplômés ou les cadres séniors. Les cadres de la première catégorie et notamment ceux ayant des compétences de pointe peuvent encore se permettre de faire jouer la concurrence et obliger les entreprises à plus de générosité salariale.
En 2024, les ETI sont résolues à profiter d’un cadre économique stable pour revoir leurs investissements à la hausse et soigner leurs collaborateurs les plus précieux. Conscients des disparités très marquées entre les différents actifs, les dirigeants d’ETI affinent leur stratégie pour préserver l’emploi existant et développer leur réseau de collaborateurs, même si cela implique des augmentations de salaire.