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Prime quantitative ou prime qualitative : quelle stratégie pour les entreprises ?

Prime quantitative ou prime qualitative : quelle stratégie pour les entreprises ?
11 févr. 2025

Types de primes

Dans le domaine de la rémunération variable, deux types de primes s’affrontent et se complètent : les primes quantitatives, basées sur des performances chiffrées à court terme, et les primes qualitatives, axées sur la qualité de l'exécution et la durabilité des résultats. Les entreprises se retrouvent souvent face à un dilemme pour choisir entre ces deux approches ou pour savoir comment les équilibrer. Cet article explore les caractéristiques de ces deux types de primes, leurs avantages et risques, ainsi que la tendance actuelle vers un modèle hybride pour maximiser les résultats sur la durée.

Qu’est-ce qu’une prime quantitative ?

Une prime quantitative est une récompense financière attribuée aux employés sur la base de critères quantitatifs mesurables et chiffrés, comme le volume de ventes, le chiffre d’affaires généré ou la marge. Ce type de prime est souvent associé à une performance sur le court terme, bien que la durée de la période d’évaluation puisse varier selon la nature de l’activité. Ainsi, une prime quantitative peut être versée annuellement aux directions générales, tandis qu'elle peut être mensuelle pour des équipes de vente en BtoC, où les résultats peuvent être mesurés plus fréquemment.

Les primes quantitatives, par leur nature, permettent une évaluation objective de la performance des collaborateurs, réduisant ainsi la part de subjectivité et facilitant la comparaison des résultats entre les membres d’une même équipe. Cependant, en se concentrant uniquement sur le résultat final, ce type de prime peut avoir des effets parfois contreproductifs, comme nous le verrons plus loin.

Qu’est-ce qu’une prime qualitative ?

La prime qualitative, quant à elle, est accordée en fonction de la qualité de l'exécution du plan d’actions par le collaborateur, au delà des bénéfices économiques immédiats. Ces primes reposent sur des critères tels que la satisfaction client ou la fréquence de visite de telle cible. L’objectif des primes qualitatives est double : non seulement elles encouragent des comportements en phase avec les valeurs de l’entreprise, mais elles posent aussi les bases pour une croissance économique à moyen et long terme.

Dans un contexte où les entreprises cherchent à pérenniser leur performance, les primes qualitatives permettent d’évaluer des éléments intangibles qui contribuent à la réputation et à la stabilité de l’entreprise. Cependant, elles ne sont pas sans risques, car l'évaluation qualitative peut introduire une certaine subjectivité dans le processus d'attribution des primes.

Les enjeux des primes qualitatives : une subjectivité parfois difficile à maîtriser

La mise en place d’un dispositif de prime qualitative pose un certain nombre de défis, notamment celui de la subjectivité.

Équité entre les collaborateurs

La principale difficulté réside dans l’équité. Comment s’assurer que chaque manager évalue son équipe de manière juste et non biaisée ? Dans un dispositif qualitatif évalué managérialement, des disparités de traitement entre collaborateurs peuvent apparaitre du fait d’une subjectivité intrinsèque au processus. Pour réduire ce risque, certaines entreprises instaurent des grilles d’évaluation avec des critères précis, mais cela ne permet pas toujours de totalement éviter les biais subjectifs.

Un risque de primes peu différenciées

Le manque de différenciation des primes est un autre défi des primes qualitatives. Les managers peuvent être tentés parfois de donner des primes similaires à tous les membres de l’équipe, indépendamment des performances réelles. Ce phénomène peut être démotivant pour les employés les plus performants, qui peuvent ressentir une injustice dans la répartition des primes, et comme pour les employés les moins performants qui obtiennent des primes similaires quel que soit le niveau réel de leur performance. Ce risque peut être en partie réglé par la formation des managers à ce type de processus ainsi que par l’établissement de règles obligeant à une certaine différenciation des primes.

 

Les limites d’un dispositif 100% qualitatif

L’utilisation exclusive de critères qualitatifs dans un plan de primes peut présenter des inconvénients pour l’entreprise, en particulier en période de résultats économiques en demi-teinte.

Décorrélation avec la performance économique

Si les primes sont entièrement basées sur des critères qualitatifs, elles peuvent être décorrélées des performances économiques réelles de l’entreprise sur le cycle de performance. Un tel dispositif pourrait conduire à la distribution de primes élevées même en cas de résultats économiques faibles, ce qui serait difficilement soutenable pour l’entreprise sur la durée.

Un processus exigeant et chronophage

L’évaluation qualitative nécessite un suivi rigoureux et fréquent, ce qui demande aux managers du temps et des ressources. La gestion de ce processus peut devenir chronophage, surtout dans les grandes organisations. Cependant, les entreprises peuvent aujourd'hui s’appuyer sur des outils d’animation de la rémunération variable qui facilitent la gestion et le suivi des primes qualitatives, permettant au passage une meilleure analyse et traçabilité des critères évalués.

Les enjeux des primes quantitatives : entre qualité d’exécution et pérennité des résultats

L’adoption d’un dispositif de primes exclusivement quantitatif, bien qu’il ait le mérite de fixer des objectifs clairs et mesurables, comporte également des risques qui peuvent compromettre la qualité de l’exécution et la stabilité des performances à long terme. En se focalisant uniquement sur les résultats chiffrés, ce modèle peut induire des comportements peu alignés avec les bonnes pratiques et la vision moyen terme de l’entreprise.

Un système fondé à 100 % sur des objectifs quantitatifs ne garantit en effet en rien les bonnes pratiques dans la manière dont les collaborateurs atteignent leurs résultats. En valorisant uniquement le résultat final, ce type de prime peut détourner l’attention des pratiques essentielles à une exécution de qualité, telles que le respect des processus, la satisfaction client, la qualité du conseil réalisé pour les clients, ou la construction de relations commerciales durables.

Par exemple, les collaborateurs peuvent être tentés de se concentrer uniquement sur les ventes immédiates, sans accorder d’importance à la satisfaction et à la fidélisation des clients. Cette recherche de performance rapide et chiffrée peut se révéler contre-productive pour le moyen terme, impactant négativement l’image de l’entreprise et limitant la capacité de l’organisation à bâtir une relation de confiance avec sa clientèle.

Un exemple concret est l’apparition des « effets de frigo » ou de décalage, où les collaborateurs retardent certaines ventes ou performances pour les enregistrer dans une période qui maximise leurs primes. Ce comportement opportuniste peut être bénéfique à court terme pour l’employé, mais il a des conséquences souvent délétères pour l’entreprise : la croissance est freinée, les prévisions de revenus deviennent plus instables, cela peut poser des questions de logistique et d’approvisionnement, cela se fait rarement au bénéfice des clients finaux, etc.

Trouver un équilibre : le modèle hybride

Face aux limites de chaque dispositif, un modèle hybride apparaît aujourd’hui comme une solution privilégiée par de nombreuses entreprises. Ce modèle vise à combiner les primes quantitatives et qualitatives pour répondre à une double exigence : la performance économique à court terme et la durabilité des résultats sur le long terme.

Le croisement des objectifs

Dans un modèle hybride, les entreprises définissent des objectifs à la fois quantitatifs et qualitatifs. Par exemple, un commercial pourrait se voir attribuer des objectifs chiffrés (comme le chiffre d’affaires), mais également des critères qualitatifs (tels que le taux de satisfaction des clients). En croisant ces deux types d’objectifs, les entreprises s’assurent que les collaborateurs travaillent non seulement pour atteindre des résultats, mais aussi pour garantir une qualité dans la manière d’exécuter leur plan d’actions.

Évolution de la pratique sur le marché

Sur les trente dernières années, les pratiques de rémunération variable ont fortement évolué. Les entreprises, autrefois focalisées principalement sur des objectifs purement quantitatifs, tendent aujourd’hui à adopter des dispositifs mixtes, où des critères qualitatifs viennent compléter l’évaluation quantitative. Cette tendance est soutenue par le développement de nombreux indicateurs qualitatifs plus précis qui permettent d’affiner l’évaluation des collaborateurs.

Les bénéfices d’un modèle hybride pour l’entreprise et les collaborateurs

Le modèle hybride offre plusieurs avantages pour les entreprises et les collaborateurs :

  • Reconnaissance globale de la performance : En intégrant des critères quantitatifs et qualitatifs dans le dispositif de prime, l’entreprise valorise la performance à 360 degrés des équipes, en utilisant l’ensemble des critères de performance qui ont de la valeur pour elle.

  • Stabilité des performances : Les primes qualitatives encouragent des pratiques qui favorisent la fidélisation des clients et l’image de l’entreprise, créant ainsi des bases solides pour une performance durable.

  • Motivation et engagement renforcés : Un dispositif hybride renforce la motivation des collaborateurs qui se sentent stimulés par des objectifs variés et adaptés à leur rôle. Cela permet également d’aboutir à une sensibilité budgétaire du dispositif dépendant de critères de natures différentes et pas uniquement du chiffre d’affaires généré

Vers un modèle de rémunération équilibré et durable

Le choix entre primes quantitatives et qualitatives dépend des priorités stratégiques de chaque entreprise, de la culture d’entreprise, des rôles et fonctions de chaque population, des données de performances disponibles etc. Cependant, le modèle hybride s’impose de plus en plus comme le standard du fait de son approche équilibrée. En associant des objectifs chiffrés à des critères qualitatifs, les entreprises répondent aux exigences de performance à court terme tout en préparant les conditions pour une croissance durable.

Dans un marché en constante évolution, la combinaison de ces deux types de primes devient également un atout RH car elle permet enfin d’attirer et de conserver des équipes engagées qui adhèrent à cette double vision.

 

Baromètre de la rémunération variable

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Auteur de l'article

François Delaage

Directeur des pôles Conseil et Solutions & Services chez Primeum - Expert en rétribution de vos salariés et de vos clients : rémunération variable, intéressement, conditions commerciales, tarification

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