Le Covid-19 impacte le monde du travail et a des conséquences directes sur l’emploi. Une récente étude menée par Expectra, cabinet de recrutement spécialisé pour les cadres, nous révèle un premier baromètre sur les transformations induites par le Covid-19. Parmi les questions soulevées par cette étude : l’apparition de nouvelles formes de travail mais aussi une redéfinition du rapport managérial autour de la confiance et de l’autonomisation des collaborateurs.
Dans la sphère professionnelle, le Covid-19 a ainsi obligé chacun à sortir de sa zone de confort pour s’adapter à une nouvelle situation de travail, laissant place à de nouveaux processus de fonctionnement. Quels sont les impacts du Covid-19 sur les différents secteurs d'activité ? Éléments de réponses dans cet article à la lumière du baromètre Expectra “Covid-19 : menace ou opportunité ?”.
La situation sanitaire exceptionnelle que nous vivons se révèle être un important déclencheur de nouvelles formes de travail mais aussi de coopération en entreprise. Les entreprises qui pouvaient se montrer frileuses à l’égard du télétravail ont dû se rendre à l’évidence, le travail à distance peut montrer certains atouts. Implication renforcée des collaborateurs, disponibilité plus grande, écoute plus active, le télétravail bien orchestré induit une amélioration de la productivité des salariés, lesquels, malgré les écrans interposés s’inscrivent dans une démarche de communication plus active, ouverte et efficace.
Par ailleurs, le télétravail a instauré un nouveau système de confiance entre collaborateurs et managers. Les salariés plus autonomes sont valorisés par la confiance portée par le manager et s’impliquent davantage dans leur travail.
Enfin, le passage en home-office a également eu des conséquences sur les locaux des entreprises. S’allégeant d’un grand nombre de charges fixes, certaines sociétés ont fait le choix d’aller audacieusement vers le full remote et de se séparer de leur siège physique. C’est le cas notamment de la société Assessfirt, qui après être passée en 100% distanciel s’est délestée de ses locaux et coordonne dorénavant ses collaborateurs répartis en France, mais aussi dans d’autres pays à travers le monde.
Selon l’étude menée par Expectra, les blocages induits par une méconnaissance de la valeur ajoutée du télétravail peuvent être soulevés par la pratique. Ainsi, on apprend que chez BNP Paribas, “il semblait impossible de faire télétravailler plus de 50% du personnel dans certaines entités” or “en pratique, cela s’est parfaitement mis en place et l’entreprise en tiendra compte pour l’après-Covid.” Le nouveau mode de travail à distance ayant prouvé sa praticité et son efficacité, le groupe bancaire aurait ainsi décidé d’appliquer post-Covid les nouveaux réflexes adoptés durant la phase de confinement.
Les managers ont du relever de multiples défis en un temps record : maintien du lien entre les collaborateurs, transposition des process de fonctionnement aux nouvelles modalités d’échange à distance, etc.
Insuffler l’esprit d’équipe à distance implique la réinvention du rapport managérial. Selon l’étude, “déjà incités à abandonner les schémas et modèles “à l’ancienne”, les managers ont pu – de façon contrainte ou volontaire – remplacer le contrôle et parfois la méfiance, par plus de confiance et d’autonomie.”
Le management en présentiel, comme à distance, vise l’épanouissement des collaborateurs. Le manager se pose comme un “coordinateur de compétences” dont la mission est de révéler les talents de son équipe. L’innovation managériale réside ainsi dans le développement de l’intelligence collective, les équipes faisant preuve d’une part d’une plus grande implication et autonomie, et les dirigeants choisissant de leur faire confiance dans la prise de décisions d’autre part.
La crise sanitaire a ainsi renforcé le rapport entre collaborateurs et managers. Par ailleurs, les risques psycho-sociaux existent toujours en télétravail, notamment ceux relatifs à l’isolement. Aussi, le manager a le devoir d’être vigilant par rapport à la santé de ses collaborateurs, comme le souligne l’étude “la notion de management dépasse le cadre stricto sensu du travail et veille aussi à accompagner les salariés confrontés à un stress personnel ou des enjeux familiaux.”
La crise du Covid-19 impacte tous les secteurs d’activité en France, certains très négativement et d’autres “positivement” créant des effets d’aubaines sans précédent.
Parmi les secteurs qui tiennent bon et dont la demande d’emploi augmente sous les effets de la crise sanitaire : la santé, l’agroalimentaire, l'agriculture, les services publics mais aussi les opérateurs télécoms qui tirent leur épingle du jeu.
Selon l’étude réalisée par Expectra, les services aux entreprises, directement liés à l’activité de ces dernières, sont durement touchés (le secteur RH et Juridique accuse une baisse de 20,2% d’offres d’emplois en 2020 vs. 2019), sauf les services relevant de coûts incompressibles (service juridique, comptabilité…). Concernant le secteur juridique en particulier, l’étude laisse présager d’une transformation profonde et durable du secteur : réduction et flexibilisation de la main d'œuvre, recours à de l’intérim et à des ressources externes quand l’activité redémarrera.
Le secteur du BTP et de la construction peine à tenir les délais de livraison de chantiers. Le premier confinement a imposé la mise à l'arrêt des chantiers, lesquels pour redémarrer dans de bonnes conditions doivent par ailleurs attendre une reconstitution de stocks et la possibilité de s’approvisionner en matières premières.
Le secteur du commerce et du marketing n’est pas épargné par les effets de la crise sanitaire. Selon l’étude réalisée par Expectra, les transactions commerciales conclues sont passées de 31% à -20% au début du confinement et tous les métiers du secteur s’en trouvent impactés. Les baisses de trésorerie ont notamment entraîné une chute des projets d’embauche mais aussi des investissements en communication et marketing digital. Le conseil en immobilier, quant à lui, fait figure d’exception, et a vu la demande croître de près de 60% par rapport à 2019.
Le secteur de l’industrie subit un choc assez important. Industrie agroalimentaire et pharmaceutique mises à part, les entreprises du secteur industriel voient leur production s’effondrer, notamment celles opérant dans l’automobile ou dans les biens d’équipement et de construction, aussi bien sur les marchés français qu’internationaux.
Le secteur de l'énergie, porté par la consommation électrique des foyers, les activités liés à l’eau potable, l’assainissement, la collecte et le traitement des déchets va conserver par ailleurs de bonnes performances : “les offres d’emploi dans le domaine de la production et distribution d’électricité et de gaz ont par exemple bondi de près de 100% en avril, et celles des activités d’ingénierie et d’architecture, de 40%” précise ainsi l’étude.
Certains secteurs jouent un rôle important dans l'absorption de l’onde de choc due à la crise sanitaire. C’est le cas notamment de la compatibilité et de la finance qui contribuent directement à rééquilibrer les indicateurs économiques. Ainsi, le secteur financier a vu croître sensiblement les demandes de financement des entreprises en parallèle d’une hausse de l’activité de prêts et de crédits de trésorerie à court terme.
Bien que les offres d’emploi du secteur aient chuté de 13% en début d’année, le secteur de la finance et de la comptabilité continue à concentrer de fortes demandes. L’industrie agroalimentaire accuse une chute du chiffre d’affaires de 25% au 2ème trimestre 2020, le dynamisme des commerces, bien que porté par le secteur du numérique et de la vente à distance, ne parvient pas à rebondir et à retrouver un niveau de chiffres d’affaires aussi haut qu’avant la crise sanitaire.
Bien qu’il soit difficile d’annoncer que cette crise sanitaire puisse avoir des effets positifs au regard de ses conséquences dramatiques sur le plan humain et sociétal, force est de constater que certains secteurs traversent cette période troublée plus facilement que d’autres. C’est le cas notamment du secteur informatique et des télécoms “le confinement ayant entraîné un surcroît d’échanges via divers moyens de communication, le secteur informatique et télécoms devrait tirer profit de la situation actuelle, même si le nombre d’offres d’emplois cette année baisse de 17,1%. À plus long terme, le recours au cloud, de plus en plus démocratisé, va poser des questions de cybersécurité, offrant de nouvelles opportunités de développement pour le secteur informatique” détaille ainsi l’étude menée par Expectra.
Plateformes de streaming, travail à distance, service de sports et bien-être à la maison, livraison de nourriture, laboratoires pharmaceutiques ou encore entreprises de nettoyage et grossistes alimentaires, s’en sortent relativement bien comparativement à d’autres secteurs. Enfin, toujours selon l’étude Expectra, tous secteurs confondus, l’augmentation de salaire mesurée en 2020 est d’environ 2%, voire 2,3% pour le secteur informatique et télécoms et 2,4% pour les secteurs commercial et marketing et ingénierie & industries. Elle est plus soutenue en Rhône-Alpes, PACA et Île-de-France (3,2 à 3,5%) et moins importante dans le Nord (0,2 à 2,3%).