Deux ans de pandémie mondiale ont considérablement bousculé le marché de l’emploi. Qu’en est-il des attentes des collaborateurs français ? Quelle est leur vision du travail et où en est leur état de santé psychologique ? Les résultats de deux enquêtes récentes nous éclairent sur la situation des salariés dans la France de 2022.
Le rapport d’étude publié par Prosumers Actual Group et BETC en mai 2022 indique que les Français demeurent toujours très attachés au travail. Sur les 500 personnes interrogées, dans le cadre de l’étude, 66% d’entre elles indiquent que le travail fait partie intégrante de leur identité, allant même jusqu’à dire qu’il les définit véritablement en tant que personne. Les 15-34 sont mêmes 80% à affirmer en parler avec fierté à leurs proches. Plus éloquent encore, 58% révèlent qu’ils ne cesseraient pas leur activité professionnelle, même en cas de gros gain au loto.
Essentiel à la vie, le travail l’est toujours. Néanmoins, 75% de la population générale souligne que le cadre de vie est plus important que leur travail. L’épanouissement en général est l’attente prioritaire des personnes interrogées. Et le cadre professionnel doit, sans surprise, permettre de préserver le bien-être et l’équilibre psychologique. 83% des actifs interrogés n’auraient ainsi aucuns scrupule à délaisser leur emploi pour un cadre de vie plus satisfaisant et un meilleur équilibre entre leur vie professionnelle et personnelle. Car si 70% des Français indiquaient en 1999 que le travail était important dans leur vie, ils ne sont plus que 40% à confirmer cette affirmation en 2022.
Ainsi, ce n’est pas moins de 57% de la population générale d’actifs qui révèlent être prêts à accepter une rémunération moins importante en échange d’un travail qui leur plaît véritablement. Mais en plus d’un travail qui résonne avec leurs valeurs, la reconnaissance de l’employeur et de la hiérarchie est de plus en plus importante. 29% des salariés interrogés avouent se sentir davantage valorisés en recevant des félicitations qu’en obtenant une rémunération financière correspondant à leur valeur.
C’est une tendance qui se confirme, la volonté d’avoir un métier qui a un impact sur la société et l’environnement est de plus en plus forte. 91% des jeunes de 15 à 24 ans souhaitent exercer un métier qui leur permette d'influencer positivement la société et 63% des actifs estiment qu’il est du devoir de l’entreprise de contribuer à l’amélioration du contexte social.
Plus frappant encore, 78% des actifs interrogés n’hésiteraient pas à boycotter les entreprises coupables de discriminations à l’embauche. Plus que jamais, la demande pour plus de diversité et d’inclusion semble remodeler le rapport au travail et la relation des actifs avec le monde de l’entreprise.
Parmi les résultats les plus éclairants de cette enquête, la liste des trois compétences indispensables à avoir, selon les personnes interrogées, confirme les mutations du marché de l’emploi :
Outre ces soft skills et ces qualités humaines, le digital a pris une place prépondérante dans le monde du travail. Si de nouveaux métiers ont émergé et que la digitalisation de l’entreprise a considérablement remodelé les rapports entre collaborateurs, le numérique attise toujours des craintes. 36% de la population digitale redouterait ainsi de ne pas être en mesure de suivre le rythme de la révolution numérique.
Une enquête conduite par OpinionWay pour Empreinte Humaine au début de l’année 2022 sur 2001 salariés permet de mieux comprendre le situation psychologique des employés français. Il résulte de cette étude que la détresse psychologique concerne un nombre grandissant de collaborateurs.
Cet état, combinant les symptômes de l’épuisement et de la dépression, concerne désormais 41% des salariés de façon modérée. Mais 13% d’entre eux souffrent de détresse psychologique sévère. La pandémie aurait ainsi dégradé l’équilibre psychologique des salariés, la moitié d’entre eux estimant que leurs collègues sont plus agressifs depuis la crise sanitaire et un quart allant même jusqu’à avouer s’énerver facilement au travail. Trois populations sont particulièrement touchées par ce phénomène :
Le burnout concerne désormais près de 6 millions de salariés, dont 63% de professionnels des ressources humaines. Ces chiffres ont triplé depuis 2019.
Seulement 30% des salariés s’estiment satisfaits des mesures prises par leur employeur pour améliorer leur état psychologique au travail. Pourtant, la crise sanitaire n’a que peu fait évoluer les attentes des Français vis-à-vis de l’emploi, comme le démontrent ces chiffres :
Parmi les résultats les plus significatifs de l’étude, on constate que les Français font désormais de leur santé psychologique au travail une priorité. Cette conclusion confirme leur perception générale du travail et la prépondérance de leur épanouissement.
À ce jour, il ne semble donc pas que la pandémie de Covid-19 ait modifié en profondeur l’ensemble des habitudes et des attentes des salariés français. Mais l’impact négatif de la crise sanitaire sur la santé psychologique des actifs replace la notion d’équilibre au cœur des préoccupations des collaborateurs.