Rendu obligatoire durant la pandémie de Covid-19, le télétravail n’a plus le vent en poupe auprès de la majorité des employeurs. Alors que beaucoup le prenaient pour acquis, on assiste depuis un certain temps à une véritable vague anti-télétravail qui crispe et agace la plupart de ceux qui en bénéficient. Le télétravail est-il vraiment néfaste à la productivité et quel est le portrait du télétravailleur français en 2024 ?
Plus de 50% des cadres français déclarent ne pas vouloir renoncer au télétravail. À ces chiffres, révélés par l’Apec, s’ajoutent également ceux indiquant que le télétravail concerne de plus en plus de cadres puisqu’ils étaient 63% à travailler depuis leur domicile en 2021 contre 67% en 2024. Les télétravailleurs sont nombreux à considérer le travail à distance ou hybride comme un acquis, c’est-à-dire en ne se rendant que quelques jours par semaine dans les locaux de son entreprise. Pourtant, l’engouement des employeurs pour le télétravail n’est pas aussi certain.
Et pour cause, beaucoup de chefs d’entreprise déclarent préférer le travail en présentiel à celui à distance. Selon eux, l’entreprise est le seul lieu où la communication, la créativité et la productivité peuvent être boostées. Télétravail rime avec isolement et perte de motivation, deux fléaux que redoutent de nombreux employeurs. C’est la raison pour laquelle 71% des employeurs français imposent au moins un jour de travail en présentiel à leurs salariés. Les méthodes de travail asynchrones et le manque de réunions physiques nuiraient considérablement à la culture d’entreprise et à la bonne cohésion des équipes. Des inquiétudes qui devraient pourtant disparaître si l’entreprise fait preuve d’une culture managériale solide.
90% des employeurs avouent être moins enclins à octroyer primes et avancement à leurs salariés télétravailleurs, d’après le Wall Street Journal. Derrière cette étonnante disparité se cachent les difficultés qu’éprouvent de nombreuses entreprises à travailler efficacement à distance et donc à évaluer la productivité et la performance des télétravailleurs. Pourtant, si le management est de bonne qualité, la productivité de l’équipe doit être au rendez-vous, peu importe où celle-ci travaille le plus clair du temps.
Si des salariés confondent télétravail avec vacances, c’est qu’ils savent que hors du bureau, leur manager n’est pas assez compétent pour s’assurer que les tâches sont réalisées correctement. Un manager sachant accompagner ses collaborateurs et maintenir un haut niveau de productivité en dépit du lieu de travail n’est pas confronté à de telles situations. Les salariés “mal intentionnés” ou incapables de gérer correctement leur travail depuis leur domicile ne peuvent échapper à sa surveillance.
Aussi, le télétravail est une opportunité pour les entreprises de revoir la qualité et le caractère innovant de leurs pratiques managériales. Travailler à distance implique une distribution raisonnable et cohérente des tâches, l’imposition de dates butoirs pour rendre le travail attendu et des méthodes d’évaluation efficaces de la performance et de la productivité. Sans ses outils, le travail en général, et plus encore à distance, ne peut qu’être affaibli et dégradé.
À l’échelle des actifs en France, toutes professions confondues, le nombre de télétravailleurs s’élève à 33% en 2024. Le télétravailleur français de 2024 est plutôt féminin, travaille dans le tertiaire et davantage du secteur privé, occupe majoritairement un poste de cadre ou d’ingénieur et a plutôt entre 30 ans et 39 ans. Ce portrait-robot révèle que le télétravail, puisqu’il concerne une minorité d’actifs, crée des distorsions dans le monde du travail. Avantage d’une petite partie des salariés, dont les bénéfices permettent, notamment, de mieux conjuguer vie privée et vie professionnelle ou encore, de s’affranchir du coût et de la fatigue des transports, le télétravail est un privilège auquel ne peuvent prétendre la majorité des Français en 2024.
S’il effraie beaucoup de patrons, le télétravail ne peut cependant pas menacer les résultats attendus par l’entreprise si les pratiques managériales se montrent innovantes et solides. De plus, puisqu’il ne concerne qu’une minorité de salariés, le télétravail est moins une nuisance pour l’entreprise qu’il n’est une source d’inégalités entre les actifs français.