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Il n'y a pas d'épidémie de flemme en France

Il n'y a pas d'épidémie de flemme en France
05 avr. 2023

Bien-être au travail

Quite quitting, « grande démission », démotivation… Tous ces phénomènes récents qui remettent en question le rapport des Français au travail pourraient faire penser que les actifs de l’Hexagone seraient en réalité victimes d’une épidémie de flemme. Pourtant, les chiffres semblent décrire une toute autre réalité. Qu’en est-il exactement ? Coup de projecteur sur une maladie imaginaire.

Les Français d’aujourd’hui, des actifs qui travaillent plus longtemps

La Fondation Jean-Jaurès publiait, à la fin de l’année 2022, les résultats d’un sondage indiquant que 30 à 40% des Français interrogés seraient pris d’une flemme collective. Aussi instructive que surprenante, cette étude a titillé la curiosité de nombreux spécialistes du marché du travail, à l’instar d’Antoine Foucher, président de Quintet Conseil. Réfutant cette vision des choses, Antoine Foucher s’appuie sur des chiffres indiscutables pour brosser une réalité bien plus complexe.

Peut-on seulement parler de flemme dès lors que la majorité des personnes en âge de travailler occupent un travail ? En 2022, ce n’est pas moins de 68,3% des Français de 15 à 64 ans qui étaient en emploi. Un véritable record  depuis 1975, date depuis laquelle ce taux fait l’objet de mesures régulières. Un fait auquel l’on pourrait en opposer un autre : les journées de travail sont plus courtes qu’il y a encore quelques décennies.

Pourtant, cette réduction apparente du nombre d’heures journalières est contrebalancée par l’augmentation de la durée annuelle du travail. S’il est vrai que cette dernière n’eut de cesse de baisser, elle s’est maintenant stabilisée autour de 16 000 heures. En d’autres termes, les actifs actuels ne travaillent pas moins que leurs parents, une véritable nouveauté dans l’histoire du marché du travail français. Il est même possible d’aller plus loin en affirmant que les Français de ce nouveau siècle travailleront, de fait, plus longtemps à l’échelle de leur vie que les générations précédentes puisque la durée minimale de cotisation était de 37,5 annuités jusqu’en 1993 pour être de 41,5 aujourd’hui avant de passer à 43 en 2035. 

 

Épidémie de flemme ou différence d’avec le reste de l’Europe ?

Force est d’admettre que les Français n’ont jamais été aussi nombreux à travailler et qu’en plus, il n’ont jamais travaillé aussi longtemps. Néanmoins, des différences de temps et de durée de travail existent avec leurs voisins proches. Serait-il alors possible de confondre ces disparités avec une supposée flemme généralisée ?

Il est impossible de le nier : la durée du travail des Français travaillant à temps complet fait partie d’une des plus faibles du vieux continent. Et pour cause, le nombre d’heures annuelles moyen est de 1 680 heures en France contre 1 800 en moyenne à l’échelle européenne. À quoi s’ajoutent des différences dans le travail à temps partiel puisque les Français sont 18,3% à travailler à temps partiel contre 19,5% des Européens. Mais là encore, la réalité est nuancée puisque les Français ont des temps partiels plus longs que leurs voisins (996 heures en France contre 960 heures sur le reste du continent). En outre, les travailleurs indépendants français travaillent plus que les autres Européens (environ 2 300 heures contre 2 200).

Le temps de travail annuel en Europe confirme une factualité plus complexe qu’on pourrait le penser. En effet, si les Français travaillent en moyenne moins que les Européens (1 618 heures par an contre 1 717), ils battent leurs voisins allemands sur ce terrain, ces derniers travaillant, en moyenne, 1 577 heures. En revanche, la durée de travail au cours de la vie active reste inférieure en France que dans le reste de l’Europe. Un fait suffisant pour y déceler une réticence à travailler ?

Pas d’épidémie de flemme en France, mais de nouvelles exigences par rapport au travail

« […]les Français ne désinvestissent pas le travail, ils deviennent beaucoup plus exigeants sur son sens. Car s'il n'y a plus ni vie après la mort ni société sans classe au bout de l'histoire, que reste-t-il pour donner un sens à sa vie en collectivité ? Le travail, mais au service du bien commun. Voilà pourquoi nous n'avons jamais été aussi nombreux au travail depuis longtemps, et pourquoi, en même temps, jamais autant de personnes ne se sont senties démotivées au travail », Antoine Foucher, président de Quintet Conseil.

Ces chiffres ne doivent pas faire oublier une autre réalité : les nouveaux rapports que tissent les Français au travail, dans le monde de l’après-covid. Quiet quitting, démissions qui se multiplient, toutes ces manifestations secouent les entreprises qui ne savent plus comment réagir face au phénomène de « Grande Démission » et donnent l’impression d’un désengagement massif des salariés français.

En réalité, force est de constater que les idéaux des actifs en France restent très conventionnels. Tous cherchent un travail valorisant et bien rémunéré. Ce qui a changé, en revanche, ce sont les nouvelles attentes des salariés. Ceux-ci refusent plus facilement les cultures d’entreprise qu’ils jugent toxiques et n’hésitent plus à claquer la porte de leur société s’ils sont en désaccord profond avec la stratégie managériale. Conscients de leur valeur économique, les actifs français ne voient plus d’intérêt à faire montre de patience et ruent sans ménagement dans les brancards si les fonctions qu’ils occupent ne répondent pas, ou plus, à leurs besoins.

Loin d’être pris d’une épidémie de flemme, les Français sont, au contraire, particulièrement investis dans leur travail et s’y consacrent, de fait, plus longtemps. Rien n’indique qu’ils tournent le dos au système économique actuel. Leur impatience face à des modèles managériaux jugés obsolètes ou injustes ne doit pas être confondue avec un désintérêt pour le travail. Il s’agit, en fait, de l’amorce d’un mouvement de profonde transformation du monde du travail et des rapports entre membres de l’entreprise. A ce titre le rôle des managers est prépondérant et l'instauration d'une rémunération variable incluant des indicateurs de mesure du bien-être en entreprise (enquête RH, taux de turn-over ...) peuvent contribuer à une transformation plus rapide de l'entreprise et de son modèle managérial.

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Auteur de l'article

Hervé de Riberolles

Directeur Associé de Primeum - Expert en motivation des employés par la rémunération variable

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