Le blog de la rémunération variable

Métiers à impact positif : des salaires qui ne suivent pas ?

Rédigé par Hervé de Riberolles | 11 mai 2021

Consultant RSE et développement durable, Consultant environnement et biodiversité, Consultant en finance durable ou encore Chargé de communication responsable… les métiers à impact positif sont en plein essor. 

Alors que plus d’un tiers des français aurait envisagé de chercher un travail plus porteur de sens à la suite du premier confinement selon une enquête Randstad réalisée en mai 2020, les métiers à impact constituent une réponse aux besoins des salariés soucieux de donner du sens à leur métier et de mêler engagement social et environnemental à leur vie professionnelle. 

Les métiers à impact sont ainsi devenus indispensables dans le secteur de l’ESS porté par des ONG, des associations, mais aussi pour les entreprises du secteur privé qui ont compris la nécessité stratégique d’amorcer une transition écologique dans leur gouvernance. 

Alors quels salaires pour les métiers à impact positif et de l’ESS en particulier ? Dans cet article, découvrez les rémunérations des métiers à impact positif en France !

Moins de dispositifs de rémunération variable pour les salariés de l'ESS

Selon une récente étude sur les métiers à impact positif réalisée par le cabinet de recrutement Birdeo, spécialiste des métiers à impact et de l’ESS, des différences de rémunération subsistent entre deux profils équivalents en fonction qu’ils évoluent dans le secteur privé lucratif ou dans l’ESS. 

Cette enquête réalisée en mars 2021 auprès de 1 127 professionnels (70% de salariés) ayant un métier ou des missions en lien avec le développement durable et/ou la RSE, nous révèle que les métiers à impact positif sont largement occupés par des femmes (67%), des individus très diplômés (88% ont un bac+5 ou plus), et qui ont souvent la responsabilité d'une équipe (36%).

Par ailleurs, l’enquête relayée par un article LesEchos.fr, souligne des disparités en matière de rémunération variable. En effet, alors que les deux-tiers de salariés, tous secteurs confondus, touchent une part variable pouvant dépasser les 20% du salaire fixe, dans le secteur de l’Économie Sociale et Solidaire, seulement un tiers des salariés touche une rémunération variable. Ainsi parmi les professionnels exerçant un métier à impact positif, ceux travaillant spécifiquement dans le secteur de l’ESS s’avèrent moins bien lotis que les personnes occupant la même fonction (RSE, développement durable..) au sein d’entreprises privées lucratives.

De plus, alors que près de la moitié des professionnels exerçant un métier à impact positif sont associés aux résultats de l’entreprise par un intéressement ou une participation (43%), ou profitent d'un plan d'épargne entreprise (PEE), voire d'un plan d'épargne pour la retraite collectif (Perco) pour 30% d’entre eux, les salariés travaillant dans l’ESS représentent à eux seuls plus des deux-tiers des salariés ne disposant d’aucun de ces dispositifs

 

Des salaires qui augmentent mais qui restent plus faibles que dans le secteur privé. - Birdeo.com

53% des salariés du secteur de l’ESS ne sont pas “satisfaits” de leur rémunération

Selon l’étude menée par Birdeo, les professionnels de l’ESS ayant de 10 à 19 ans d’expérience  gagnent 38% en moins par rapport à ceux travaillant dans le secteur privé lucratif. D’après Caroline Renoux, fondatrice et présidente du cabinet Birdeo qui commente l’étude dans un article LesEchos.fr, “la différence salariale s'explique principalement par l'écart de budgets entre entreprises et associations. Pour les salariés les plus engagés, la cause défendue sera plus forte que le salaire. Toutefois, on remarque une augmentation des salaires pour les postes clés au sein des associations, afin d'attirer davantage de profils stratégiques”.

Les associations sont de plus en plus amenées à traiter avec les entreprises mais aussi les collectivités, pour lesquelles les enjeux RSE prennent de plus en plus d'importance. Ces structures développent par ailleurs de nouveaux services et misent sur une approche innovante, poussant le secteur associatif à davantage se professionnaliser et faire naître par la même occasion de nouvelles perspectives d’emploi.

 

ESS : s'engager plus, pour gagner moins ?

Moins de la moitié (47%) des salariés de l'ESS se déclarent « très » ou « assez satisfaits » de leur rémunération, contre 61% côté secteur privé lucratif. - Extrait de l’étude Birdeo "Les professionnels des métiers du Développement Durable, de la RSE et des métiers à impact positif : évolution des métiers, perspectives d’emploi et salaires."

Le secteur de l’Économie Sociale et Solidaire gagne en popularité. Avec un fort pouvoir d’attractivité auprès des générations Y et Z, il représente à ce jour plus de 14% de l’emploi privé en France. Malgré une diversification des métiers, certains aspects continuent à décourager les candidats : charge de travail importante, salaires moins élevés que dans le secteur privé ou encore opportunités moins importantes sur les postes à haute responsabilité. 

Alors comment expliquer que certains cadres confortablement installés en poste dans le privé n’hésitent pas à claquer la porte pour prêter main forte à ce secteur dont le fonctionnement est principalement centré sur l’humain ? La principale raison est que l’Économie Sociale et Solidaire met un point d’honneur à placer l’humain au cœur de son projet économique, comme le précise Dalale Belhout, Responsable Marketing RH et Marque employeur chez DigitalRecruiters, “l’ESS touche les secteurs de la santé, de l’éducation, s’intéresse à la réinsertion des personnes en difficulté sur le marché de l’emploi, valorise le commerce équitable, met en place des projets de développement durable… en bref, elle vise à « créer un monde meilleur ». C’est ce dessein fondamentalement bon qui génère son premier levier d’attractivité”. 

Avant la crise du Covid-19, 13% des personnes interrogées avaient le sentiment d’occuper un emploi inutile, après la crise, elles étaient 29% à le penser (enquête Randstad, mai 2020), un questionnement en augmentation qui révèle donc une nouvelle quête de sens des salariés français. 

Un secteur en quête d’experts pour se développer 

“Même si les équipes RSE, Développement Durable se structurent, la majorité des managers déplorent encore une force de travail insuffisante accompagnée d’un manque d’expertise sur des sujets de pointe.” - Extrait du site Birdeo.com 

Les métiers à impact positif à l’instar des autres secteurs d’activité ne sont pas épargnés par les inégalités de traitement entre femmes et hommes. Ainsi, toujours selon l’étude Birdeo, malgré une surreprésentation des femmes dans ces métiers (62%), le léger écart constaté en leur faveur en début de carrière se dégrade au profit des hommes au-delà de 10 ans d'expérience. Cet écart de salaires entre femmes et hommes dans le secteur de la RSE et de l’ESS atteint par ailleurs en moyenne 6% pour les professionnelles de 20 ou plus d'expérience.

 

 

L'ESS et la RSE recrutent des experts en 2022 - Birdeo.com

Une différence de salaire est également constatée entre les prestataires de services spécialisés en RSE/ESS et les salariés employés par des entreprises. D’après l’étude Birdeo les rémunérations moyennes de ces professionnels sont inférieures à celles perçues en entreprise : l'écart est ainsi de 21% pour les salariés de 10 à 19 ans d'expérience. Une différence pouvant s'expliquer par la prédominance de cabinets spécialisés de petite taille.

Le secteur de l’ESS a besoin de profils d’experts pour répondre aux nouveaux enjeux liés aux climat, à la biodiversité et au social. Sept managers sur dix déclarent ainsi avoir recruté au moins un salarié en 2020 et six sur dix envisagent de recruter dans les douze prochains mois malgré “des moyens jugés limités" et une pénurie de profils d'experts sur le marché. 

Influencés directement par les effets de la crise sanitaire sur la quête de sens au travail, entreprises comme salariés s'intéressent de plus en plus aux enjeux RSE et ESS, désormais inclus dans leur stratégie de développement économique.