L’année 2023 est une année d’augmentation historique des salaires en France. L’enjeu pour les entreprises françaises est d’apporter une réponse concrète aux salariés pris dans les filets d’une inflation galopante et d’un pouvoir d’achat en berne. Comment se traduisent ces augmentations de salaire et quels aspects de la rémunération les entreprises choisissent-elles de favoriser ?
En juin 2023, l’Insee mesurait l’augmentation des prix à la consommation en France à 4,5%. L’inflation, qui s’est d’abord manifestée dans l’augmentation des coûts de l'énergie, s'est maintenant propagée aux produits alimentaires au point de faire envoler les prix dans les rayons jusqu’à 18,4%. Les Français, qui voient ainsi leur pouvoir d’achat régresser de manière substantielle depuis deux ans, réclament des augmentations de salaires.
Les entreprises françaises font ainsi face à une situation des plus complexes : elles doivent répondre à la demande d’augmentation de la rémunération des salariés, sans basculer dans une spirale d’augmentation salaires-prix qui mettrait à mal une économie déjà bousculée. À ce défi vient s’ajouter celui de l’indispensable fidélisation des talents, en particulier dans les secteurs en tension, et la nécessité de rester compétitif. Pour résoudre cette difficile équation, une grande partie des entreprises ont fait le choix de revoir leur politique de rémunération.
Si l’augmentation moyenne des salaires avait déjà atteint 3,1% en 2022, elle pourrait dépasser 4,7% pour l’année 2023, selon le cabinet LHH. Le cabinet de conseil Mercer, table même sur une augmentation moyenne de 4,95%. Les débats, ayant eu lieu dans le cadre des négociations annuelles obligatoires (NAO), auraient ainsi décidé les employeurs à opter pour une augmentation générale et significative, face aux exigences de collaborateurs happés dans le tourbillon de l’augmentation des prix.
Contrairement à 2022, les augmentations générales concernent cette année davantage de salariés, d’après le cabinet Mercer qui les estime à 3%. En effet, les cadres vente et hors vente seraient également concernés par ces augmentations. Néanmoins, ces derniers devraient moins bénéficier d’augmentations individuelles. Des augmentations individuelles dont la moyenne, pour tous les salariés, devrait être de 2% contre 3% pour les augmentations générales.
Ces augmentations importantes ne doivent pas faire oublier les fortes disparités qui existent entre les entreprises, les augmentations allant de 2,8% minimum à 8% maximum, selon les sociétés, au mois de mars 2023. Par ailleurs, ces rémunérations revues à la hausse ne permettent pas d’enrayer l’inflation, les prix ayant augmenté de 3% de plus que les salaires, d’après les analyses de l’OFCE. Cet état de fait incite de nombreuses entreprises à affiner leur stratégie d’augmentation des salaires en favorisant certains aspects de la rémunération de leurs collaborateurs.
Si les cadres bénéficient d’augmentations générales, les augmentations individuelles sont attribuées aux meilleurs talents. Le cabinet LHH indique que 9 entreprises françaises sur 10 ont ainsi choisi d’accorder des augmentations individuelles à leurs cadres. Nombre de ces augmentations individuelles se rapportent, en réalité, à la rémunération sur objectif, un levier particulièrement prisé des entreprises pour fidéliser les meilleurs collaborateurs.
La rémunération variable présente le double avantage d’augmenter rapidement le pouvoir d’achat des collaborateurs sans faire courir de risques financiers à l’entreprise. Véritable investissement consistant à associer les primes octroyées aux salariés aux performances attendues dans un cycle défini, elle n’engendre pas de coûts supplémentaires. Totalement réversible, en cas de non atteinte de l’objectif, le caractère moins contraignant de cette solution gagnant-gagnant conquiert de plus en plus d’entreprises soucieuses d’apporter une réponse tangible et efficace aux collaborateurs affrontant les conséquences de l’inflation.
En plus de la rémunération sur objectif de performance, de nombreux autres éléments de rémunération se sont vu augmentés ou ajoutés au salaire global. Ainsi, les frais de transport, les indemnités de carburant, les tickets restaurant, ou encore les coûts des soins de santé ont été considérablement optimisés, dans un souci de rétention des collaborateurs.
Autre manière de booster le pouvoir d’achat des salariés et de limiter le turnover, le partage de la valeur a plus que jamais le vent en poupe au sein des entreprises françaises. Intéressement, participation, prime en cas de bénéfices exceptionnels, les différents visages du partage de la valeur en France devraient concerner un nombre élargi d’entreprises à partir de 2024.
L’année 2023 est marquée par le choix des entreprises d'augmenter massivement les salaires. Mais au-delà du seul salaire fixe, nombre d’entre elles optent pour une amélioration conséquente des autres aspects de la rémunération avec pour objectif de lutter contre l’inflation, tout en combinant rétention des talents et développement de la compétitivité.