Le constat est sans appel : la santé mentale des salariés se dégrade en France. Quelles sont les causes de ce mal-être, comment s’exprime la souffrance au travail et comment l’employeur peut-il agir pour rebooster la motivation de ses collaborateurs et enrayer la détresse psychologique ? Voici des pistes de réflexion pour redonner le plaisir de vivre en entreprise.
Selon une récente étude, 44% des salariés se disent en situation de détresse psychologique. Premières victimes de la dégradation de la santé mentale au travail, les moins de 29 ans, les femmes, ainsi que les managers. Une hausse de trois points par rapport à juin 2022 qui alerte sur la qualité des conditions de travail, étant donné que 74% des personnes interrogées affirment que leur emploi est totalement ou partiellement responsable de leur souffrance psychologique.
La surcharge de travail, de mauvaises méthodes de management, des problèmes de communication ou encore une augmentation générale du stress conduisent de plus en plus de salariés à sombrer dans la dépression ou à faire un burn-out. À tel point que selon une enquête menée par moka.care et JobTeaser, les risques psychosociaux de l’entreprise font partie des principaux aspects pris en compte par les jeunes actifs avant de candidater à un poste.
La souffrance au travail peut revêtir différentes formes. Le quite quitting, ou « démission silancieuse », en est une. Il s’agit de la tendance d’un nombre significatif de salariés à se limiter aux tâches listées sur leur fiche de poste, sans s’investir davantage dans l’entreprise. Estimant que l’employeur n’a pas tenu la promesse faite au moment de l’embauche, ils s’estiment lésés et ont perdu leur motivation de départ. Leur productivité se limite au strict minimum et les performances générales de l’entreprise s’en trouvent, inévitablement, freinées.
Héritier naturel du quite quitting, le « résentéisme », a fait une apparition remarquée au États-Unis. Néologisme issu de l’anglais to resent (« en vouloir à quelqu’un »), ce phénomène concerne les employés qui n’ont pas surfé sur la vague de la Grande Démission américaine et se retrouvent désormais piégés par un inversement de la tendance économique. Bloqués à un poste qu’ils jugent mal rémunéré, souffrant d’un manque de considération et redoutant un licenciement, ils nourrissent un véritable ressentiment à l’encontre de leur employeur. À la différence du quite quitting, le résentéisme s’exprime bruyamment, à grands coups de paroles franches et de conflits ouverts qui peuvent miner le moral d’une grande partie des effectifs.
Pour être heureux au travail, le collaborateur doit être animé par la volonté de s’impliquer dans son entreprise. Si toutes les conditions ne sont pas réunies pour consolider et développer son engagement et son envie d’atteindre ses objectifs, le salarié perdra peu à peu le goût de sa mission et vivra douloureusement son quotidien professionnel. Comment faire alors pour préserver et doper sa motivation ?
La motivation repose sur la satisfaction de quatre types de besoins essentiels identifiés, notamment, dans la pyramide de Maslow : physiologiques, de sécurité, d’appartenance, d’estime et d’accomplissement. Si cela est vrai pour la vie en général, cette règle doit également être respectée en entreprise. En d’autres termes, le salarié doit obtenir une rémunération satisfaisante, bénéficier de conditions de travail optimales, avoir des avantages sociaux, être intégré à son équipe, jouir de bonnes relations de travail, avoir une mission valorisante, des retours constructifs de la part de sa hiérarchie, des responsabilités, des perspectives d’évolution de carrière et des objectifs à atteindre.
Si tout ou partie de ses besoins ne sont pas respectés, la démotivation le guette. Dans les pires des cas, il peut sombrer dans une profonde détresse psychologique. Plus que tout, il doit bénéficier d’une rémunération juste, avoir la possibilité de prendre sa carrière en main, d’évolution, d’être reconnu à sa juste valeur et d’évoluer dans un environnement sain et serein. Mais attention à ne pas considérer le salaire comme le remède ultime à la souffrance au travail.
Augmenter la rémunération est insuffisant si toutes les conditions garantissant la bonne santé mentale des salariés ne sont pas réunies. Le salaire fixe et la rémunération variable ne peuvent lutter seuls contre une culture d’entreprise toxique et éviter les situations de souffrance des collaborateurs. D’autres facteurs doivent être pris en compte par l’employeur pour garantir sérénité et bonheur de vivre en entreprise à ses salariés.
Un mauvais management est une des principales sources de souffrance au travail et de démotivation. Pour éviter les cultures d’entreprise malsaines et améliorer la santé mentale des salariés, l’entreprise doit réinventer le rôle de manager et placer cette fonction au cœur de sa politique RH. Plus que jamais, les jeunes actifs réclament un management bienveillant et une communication facile et sereine avec leurs supérieurs hiérarchiques.
La surcharge de travail, dont souffrent tout particulièrement, les salariés atteints de résentéisme, obligés d’assumer les tâches autrefois confiées à leurs collègues ayant démissionné, est également pointée du doigt. L’employeur doit s’efforcer de permettre à ses employés de trouver l’équilibre qui leur convient entre vie privée et professionnelle. Cela peut passer, par exemple, par une révision du temps de travail et l’instauration de plus de flexibilité concernant les horaires ou le télétravail. Rendre les salariés autonomes et leur faire confiance est essentiel pour qu’ils se sentent estimés et reconnus.
Si les quite quitters et les victimes du résentéisme souffrent davantage d’un mauvais management que d’un problème de rémunération, il y a des collaborateurs dont l’engagement peut être décuplé par la rémunération variable. Si elle est instaurée avant que la démotivation ne s’installe et si elle est fondée sur des objectifs correctement calibrés, la rémunération variable peut incontestablement redonner l’envie de s’investir dans l’entreprise.
Réenchanter le quotidien au travail est possible. Ceux qui ne sont pas encore dans une démarche de démission silencieuse et qui attendent de l’employeur qu’il insuffle un nouveau souffle à leur métier peuvent être remotivés par la perspective de primes sur objectifs. En lui attribuant des objectifs à atteindre, l’employeur exprime la confiance qu’il place dans son collaborateur et son souhait de l’accompagner dans son évolution professionnelle.
Des objectifs réalistes, accompagnés d’indicateurs de performance pertinents, appuyés sur un nombre limité des piliers stratégiques de l’entreprise permettent d’intégrer pleinement le salarié dans la performance globale de la société. Placé au cœur des buts de l’entreprise, il se sent à nouveau investi d’une mission dont l’envergure dépasse la simple augmentation de ses revenus. Invité à faire montre de ses talents et compétences, avec à la clef une juste récompense, sa mission retrouve l’éclat qu’elle avait au moment de son embauche.
La souffrance au travail n’est pas une fatalité. En construisant une politique RH et une culture d’entreprise bienveillantes et cohérentes, il est possible d’éviter les phénomènes de démotivation profonde et de détresse psychologique. Enfin, si les conditions de travail sont essentielles à l’épanouissement professionnel, la rémunération variable peut contribuer à doper l’engagement et l’implication des salariés dans la vie et la mission de l’entreprise.