Une inflation en hausse et un pouvoir d’achat en perte de vitesse peuvent rapidement conduire de nombreux salariés dans des situations financièrement délicates. Pourtant, de nombreuses solutions existent pour accompagner au mieux ses collaborateurs en difficulté. Retour sur les meilleurs dispositifs et astuces à disposition des employeurs pour faire face aux difficultés économiques des employés.
6,5%, c’est le taux au-dessus duquel l’inflation devrait s’installer en France jusqu’à la fin de l’année 2022. Ces estimations de l’Insee rappellent les difficultés auxquelles font déjà face de nombreux salariés. Signe évident des temps difficiles, les saisies sur salaire ne cessent de se multiplier. En tant qu’employeur, comment réagir face à une situation aussi délicate ?
Une facture impayée ou des difficultés à honorer un remboursement et le couperet tombe : un collaborateur de l’entreprise est soumis à une saisie sur salaire. Cette somme retenue sur sa rémunération doit cependant lui laisser un minimum vital de 572,52 euros par mois. Mais peu importe le montant prélevé, la saisie sur salaire est souvent vécue comme un choc et une honte par le salarié.
Pour éviter que le salarié ne se sente humilié, l’employeur doit entamer un dialogue avec lui afin de dédramatiser le situation et évaluer sa situation financière. Les salariés victimes d’une saisie sur salaire ont désormais des profils très variés, tant les difficultés économiques se multiplient. L’instauration immédiate d’un dialogue avec lui peut permettre de trouver des solutions très concrètes et personnalisées. Il est important de rappeler au collaborateur qu’il est soutenu et pris en considération.
Si un employé isolé peut être accompagné individuellement, l’entreprise se doit de revoir sa position dans le cas où plusieurs de ses collaborateurs se trouvent face à des difficultés similaires. La situation économique délicate que traverse la France doit être l’occasion pour les entreprises de toutes les tailles de revoir leur système de rémunération et les dispositifs d’aides mis à leur disposition par les pouvoir publics.
Face à la diminution de leur pouvoir d’achat, les salariés sont de plus en plus nombreux à réclamer une augmentation de leur salaire. En repensant le système de rémunération et l’équilibre entre la part fixe et la part variable, les employeurs peuvent soutenir financièrement leurs collaborateurs et doper la rentabilité de leur entreprise.
Augmenter le salaire fixe de leurs employés est une étape déjà franchie par de nombreux dirigeants d’entreprises. L’indexation partielle des salaires sur le taux de l’inflation est une mesure éthique et de bon sens pour soutenir efficacement et durablement ses collaborateurs. L’inflation affecte surtout l’énergie et les frais liés à l’alimentation, deux secteurs qui concernent tous les actifs. Redonner une part de l’inflation dans le salaire fixe est une décision particulièrement pertinente pour les bas salaires, premiers touchés par cette configuration économique néfaste. Dans certaines PME, les salaires ont ainsi déjà augmenté de 2% à 3%. Mais la part variable du salaire doit également être revue pour booster les revenus des salariés.
L’intéressement fait partie de la part variable du salaire qu’il peut être judicieux de favoriser. Dépourvu de charges patronales, ce système, fiscalement avantageux permet d’augmenter les salaires. Plusieurs configurations sont possibles pour redistribuer la richesse aux salariés :
Certaines entreprises font le choix d’une redistribution strictement égale, estimant qu’il s’agit du système le plus approprié dans la situation économique actuelle. Si cette initiative est parfaitement louable, il est néanmoins important de rappeler les risques et les limites d’une telle solution. En effet, l’intéressement ne doit pas venir combler les écarts de salaire issus d’un dysfonctionnement dans l’entreprise. Cette part variable doit rester motivante et doit correspondre au mieux à la valeur produite par chacun en fonction de ses responsabilités. Une redistribution parfaitement égalitaire profitera au plus petits salaires mais ne réglera pas les injustices entre collaborateurs. De plus, la seule distribution de petites primes ne pourrait convenir, sur le long terme, aux salariés les mieux rémunérés. Il faut ainsi veiller à ne pas proposer une mesure qui pourrait à terme créer des tensions, en voulant simplement répondre à une situation d’urgence.
La rémunération variable a l’avantage d’être un système qui s’auto-finance. Elle permet de donner du pouvoir d’achat aux collaborateurs tout en dopant la croissance de l’entreprise. L’employeur rémunère la performance du salarié et n’a donc aucune difficulté à lui verser son salaire variable puisqu'il correspond à une amélioration quantitative ou qualitative de la situation. Il s’agit d’un véritable investissement pour l’entreprise et d’une opportunité d’enrichissement non négligeable pour le collaborateur. Plus que jamais, le contexte économique national rappelle l’avantage de la rémunération variable pour la croissance des entreprises et la situation financière personnelle des salariés.
La France est le deuxième pays le plus redistributeur de richesses au monde, après la Suède. L’écart entre les citoyens les plus aisés et les plus défavorisés est de 1 pour 8, il n’est plus que de 1 pour 3 après la redistribution des richesses. Outre l’impôt, la redistribution des richesses s’effectuent en France par de nombreuses aides sociales dont peut tirer profit les entreprises pour soutenir leurs employés.
Pour optimiser ces aides dont peuvent bénéficier les salariés français, il est préférable de privilégier les dispositifs défiscalisés. L’entreprise peut ainsi renforcer, très concrètement, le pouvoir d’achat de ses employés en assumant un coût supplémentaire limité. C’est particulièrement vrai pour les transports dont les frais peuvent être allégés grâce au mécanisme rendu possible par la loi d’orientation des mobilités (LOM). Ce dispositif permet une aide plafonnée à 200 euros par an et par salarié.
Autre mesure solution pour aider les collaborateurs dans l’obligation de se déplacer en voiture est d’inscrire les frais de transports dans les frais réels. La déduction forfaitaire de 10% étant facilement dépassée pour les employés devant prendre le volant pour se rendre au travail, cette mesure est sans impact pour les entreprises et efficace pour leurs salariés.
Les dirigeants d’entreprises peuvent également réfléchir à des solutions pour diminuer plus drastiquement encore le coût des transports comme des solutions de covoiturage inter-entreprise ou encore l’achat de véhicules écologiques et économiques, à l’instar du vélo ou de la trottinette pour les urbains.
Parmi les autres éléments de rétribution non salariaux à mettre à profit se trouvent d’autres aides comme les titres-restaurants, les Chèque-Vacances et tous les autres dispositifs permettant d’augmenter le pouvoir d’achat. Selon l’entreprise, son activité et son implantation territoriale, d’autres solutions peuvent être envisagées, parfois en partenariat avec d’autres acteurs économiques. Certaines entreprises proposent ainsi des paniers-légumes, produits, à moindre coût, par des maraîchers locaux. Il convient de faire preuve d’inventivité et de créativité pour dénicher les bons plans et astuces qui allègeront les dépenses des collaborateurs au quotidien.
La hausse historique de l’inflation en France met à mal le pouvoir d'achat des ménages. Néanmoins, cette situation difficile peut être l’occasion pour les employeurs de revoir leur package de rémunération et de mettre à profit les dispositifs disponibles en France pour soutenir financièrement leurs collaborateurs et repenser utilement la politique économique et financière de l’entreprise.