Parmi les entreprises interrogées, 17 % prévoient de recruter sur la fonction achat/logistique et 57% considèrent que le recrutement est un enjeu majeur pour le développement de la Supply Chain (Étude de rémunérations 2021 – PageGroup)
Représentant plus d’1,8 millions d’emplois en France pour un chiffre d’affaires annuel de plus de 200 milliards d’euros en 2020, le secteur de la Supply Chain et de la Logistique a encore de beaux jours devant lui. La bonne santé du secteur entraîne un fort volume de recrutement notamment pour accompagner sa transformation digitale et l’arrivée du Big Data. Entre nouveaux métiers orientés gestion des données et métiers historiques stratégiques, le marché de la Logistique et de la Supply Chain est ainsi créateur d’emploi mais peine à trouver les ressources nécessaires pour répondre à ses besoins en compétences.
Le salaire, l’un des premiers facteurs d’attraction des talents, prend alors une place importante dans la stratégie de recrutement des entreprises. Comment proposer un salaire en adéquation avec les attentes des professionnels de la Supply Chain et les tendances du secteur ? Dans cet article, retour sur la stratégie rémunération à adopter en 2021.
22% des employeurs ont régulièrement recours à l’intérim dans le secteur de la Supply Chain (Étude de rémunérations 2021 – PageGroup)
La Logistique et la Supply Chain qui ont connu de très grandes évolutions ces dernières années se retrouvent à tenir un rôle pivot dans le développement économique d’une entreprise. En améliorant la gestion des flux, l’entreprise capitalise sur un avantage concurrentiel à la fois économique et qualitatif, et contribue par la même occasion à « véhiculer » l’image positive de l’entreprise.
Le suivi des différents flux est devenu beaucoup plus précis grâce au phénomène de digitalisation. L’accès aux données analytiques, l’émergence du Big Data et la rapidité de la circulation de l’information permettent de piloter les paramètres logistiques avec précision et réactivité dans un souci d’amélioration continue. (Pour découvrir comment l'omnicanalité révolutionne la fonction commerciale et ses enjeux, je vous invite à lire cet article : Retail : miser sur l’omnicanalité pour traverser la crise)
Le développement de l’e-commerce multiplie les opportunités de circulation de marchandises complexifiant les réseaux de communication ainsi que les volumes de biens transportés. Sans oublier l’internationalisation qui tend non seulement à étendre les distances à couvrir entre fournisseurs, entreprises et clients finaux ; mais qui oblige à intégrer un aspect multiculturel à prendre obligatoirement en compte pour parvenir à optimiser la circulation des flux.
À l’heure où tout doit aller toujours plus vite, les équipes en charge de la Logistique et de la Supply Chain travaillent dans un secteur tendu et complexe et tiennent une position stratégique dans l’entreprise. Le recrutement en intérim est régulier ce qui pèse sur les coûts en ressources humaines. Les besoins en compétences se diversifient et la fidélisation des salariés devient indispensable pour piloter une stratégie managériale efficace à long terme.
La fonction de data analyst ou data manager qui est l’un des derniers métiers créés dans l’univers du digital et dont le salaire avoisine les 42 000 euros bruts annuel après deux ans d’expérience, se spécialise d’ailleurs dans le secteur Logistique/Supply Chain pour mettre à profit les quantités de data collectées et améliorer l’expérience utilisateur.
La maîtrise de l’anglais devient indispensable et l’intérêt des soft skills prend le dessus sur les compétences techniques : intelligence émotionnelle, aisance relationnelle, capacité à résoudre des problèmes complexes, esprit d’analyse… c’est la capacité à réagir dans un environnement changeant qui apporte de la valeur ajoutée aux fonctions de la logistique et de la Supply Chain. (Quels sont les métiers clés de la Logistique et de la Supply Chain ? Quels salaires pour les professionnels du secteur ? Pour le découvrir, je vous conseille la lecture de cet article : Les tendances de rémunération dans la Logistique et Supply Chain)
Chiffres-clés secteur Logistique et Supply Chain - Source : regionsjob.fr
La performance d’un produit ou d’un service se mesure de plus en plus à l’aide de la satisfaction client (Fabien Lucron, Directeur du Développement de Primeum et Expert en rémunération variable)
Dans un contexte de recrutement hyper-concurrentiel, il devient indispensable de redéfinir une stratégie de rémunération en adéquation avec les besoins du secteur. Le marché de la logistique souffre parfois d’une mauvaise image attribuée à des volumes horaires importants, des conditions de travail difficiles et un manque de valorisation de la performance individuelle. L’intégration d’un facteur variable dans la rémunération permet d’augmenter l’attractivité de l’entreprise et d’adapter la rémunération à des métiers qui subissent souvent les aléas des saisons (pics d’activité à des périodes de fêtes, difficulté à prendre des vacances sur ces périodes, etc.) Vous ne savez pas comment tenir compte de la saisonnalité dans la définition de vos dispositifs de rémunération variable ? Retrouvez des conseils pratiques dans cet article Fêtes de fin d’année : comment intégrer la saisonnalité dans la rémunération variable ?
La rémunération variable dans le secteur de la Supply Chain vise également à optimiser l’avantage concurrentiel de l’entreprise en motivant les équipes pour améliorer la performance individuelle et collective.
Plus les salariés accordent de l’importance à leur performance, plus cela s’en ressent au niveau de la satisfaction client. En intégrant un facteur de rémunération variable basé sur des critères quantitatifs et qualitatifs, les salariés, à tous niveaux hiérarchiques, améliorent leur performance ce qui in fine replace l’objectif de satisfaction client au cœur du processus.
Les critères qui permettent de définir les modalités de la rémunération variable sont nombreux et peuvent être orientés de manière à récompenser aussi bien la productivité du collaborateur que la qualité de sa performance. Il est alors possible de définir une rémunération variable précise et juste aussi bien pour l’ensemble des collaborateurs que pour l’entreprise.
Dans les indicateurs de productivité, on peut notamment se baser sur le nombre de tâches exécutées par heure ou par jour (nombre d’actions ou de colis préparés par jour, respect du carnet de livraison, etc.) et pour évaluer la qualité, on mettra à profit les données collectées à partir du nombre de retours clients pour des colis cassés par exemple.
Enfin, la Logistique et la Supply Chain sont déjà encadrées par des critères de traçabilité numérique exigeants ce qui facilite la mise en place d’une rémunération variable calculée sur des critères individuels.
Pour un chef d’équipe, la rémunération peut atteindre jusqu’à 37 000 euros brut par an après 15 ans de carrière (Étude rémunérations 2021 – PageGroup)
Avec une rémunération variable qui oscille entre 0 et 20% (voire 30% pour un directeur de site logistique), le secteur de la logistique propose des postes variés et stratégiques qui ont de quoi renouveler l’intérêt des candidats pour le secteur.
D’après l’étude publiée par PageGroup sur l’étude de rémunérations 2021, on retrouve certains postes qui n’ont pas à ce jour de rémunération variable déclarée : le gestionnaire logistique/flux/stocks – qui est dans le top 5 des profils les plus recherchés en 2020 -, le chef d’équipe - un profil très demandé par les entreprises en 2021 - et le magasinier manutentionnaire – profil dont les entreprises ont besoin régulièrement pour absorber les fluctuations saisonnières.
On trouve également trois postes qui ne bénéficient pas systématiquement d’une rémunération variable : le coordinateur logistique/ Supply chain manager – qui est dans le top 3 des profils les plus sollicités en 2021 -, le planner/customer planner - profil également très recherché en 2021 - et le responsable-gestionnaire planification/ordonnancement.
Cette étude nous donne donc quelques indications sur les postes pour lesquels il serait intéressant de revoir la stratégie rémunération afin de se différencier des autres entreprises et attirer les talents sur ces fonctions stratégiques, il est temps d’ouvrir les négociations !
Top 5 des métiers logistique - Supply Chain dont le salaire a le plus évolué en 2020 - Source : pagegroup.com
En ce qui concerne les profils dont les entreprises auront besoin en 2021 et pour lesquels le facteur de rémunération variable est déjà existant, on retrouve le directeur de site logistique avec un variable qui peut atteindre jusqu’à 30% et une rémunération annuelle qui oscille entre 60 000 euros et 110 000 euros brut par an en fonction de l’expérience.
Les chefs de projets (ingénierie & implémentation ou SI/SC) seront également très sollicités pour mener à bien les missions et leur rémunération peut atteindre de 48 000 à 90 000 euros brut par an pour 5 à 15 ans d’expérience.
On note également que le responsable/gestionnaire approvisionnement commence avec une rémunération annuelle de 28 000 euros pour un débutant, pour atteindre jusqu’à 75 000 euros brut par an en fin de carrière et une rémunération variable qui représente 5 à 10% ; de quoi promettre une belle évolution de carrière à des profils bac+3.
Avec le risque de crise sanitaire qui persiste et l’agilité supplémentaire dont le secteur a dû faire preuve depuis 2020, la Logistique et la Supply Chain risquent de vivre à nouveau d’importantes transformations dans les années qui viennent. Les critères de rémunération variable permettent de réagir à l’évolution des tendances pour proposer à chaque fois une rémunération juste et équitable aussi bien pour les collaborateurs que pour l’employeur.