« Dire bonjour correctement, c’est voir l’autre personne prendre conscience d’elle en tant que phénomène, se manifester à elle et se tenir prêt à ce qu’elle se manifeste à soi. » Eric Berne
Le concept des strokes a été développé par Eric Berne, fondateur de l’Analyse Transactionnelle. Initialement considérés comme une unité de reconnaissance à utiliser sur le lieu de travail pour renforcer l’engagement des collaborateurs, les strokes se révèlent tout aussi pertinents en télétravail, quand le travail d’équipe est mis à rude épreuve. Dans l’article suivant, nous vous présentons les strokes pour motiver vos équipes en télétravail.
L’investissement des employés fait référence à leur motivation et au lien que ces derniers ont avec leur entreprise, qui sont essentiels à la performance - enquête Hogan Assessments sur le télétravail en Europe.
En anglais, le verbe «to stroke » se traduit généralement par « caresser dans le sens du poil ». De façon un peu réductrice, cela consiste à partir du principe qu’en manifestant des signes de reconnaissance envers un collaborateur, on va contribuer à son bien-être au travail et maintenir ainsi son niveau d’engagement et de motivation.
Un stroke correspond à une action de reconnaissance. On peut citer comme exemple : dire bonjour, féliciter quelqu’un, remettre une médaille du travail, offrir des chèques-cadeaux, faire un compliment, inviter ses équipes à déjeuner au restaurant ou encore offrir une prime de fin d’année.
Eric Berne va cependant bien plus loin dans l’analyse puisqu’il considère également qu’un stroke négatif, c’est-à-dire le fait de transmettre par exemple une critique constructive à un collaborateur, vaut mieux que de ne rien dire ou d’ignorer le travail d’un collaborateur. En effet, il n’y a rien de pire que l’indifférence totale pour décourager un salarié.
Eric Berne présente quatre différents types de signes de reconnaissance : le conditionnel positif, que l’on donne pour reconnaître le travail positif d’un collaborateur à la suite d’un acte concret et mesurable. Cela revient par exemple à féliciter un collaborateur parce qu’il a réussi à débloquer une situation compliquée ou parce qu’il a atteint ses objectifs. On utilise ce type de stroke pour valoriser un résultat et renforcer la confiance en soi du collaborateur.
La rémunération variable est un stroke conditionnel positif : on augmente la rémunération d’un collaborateur pour récompenser un résultat clairement mesurable comme l’augmentation du chiffre d’affaires.
L’inconditionnel positif, c’est le signe de reconnaissance que l’on utilise sans condition de réussite particulière, on félicite simplement la personne pour qui elle est, pour ses compétences. Cela revient par exemple à féliciter un collaborateur pour sa bonne humeur au quotidien ou sa capacité à trouver des solutions rapidement.
Le stroke du type conditionnel négatif revient à émettre une critique constructive auprès d’un collaborateur sur un résultat précis : une présentation a besoin d’être allégée ou le manager doit gagner en efficacité dans l’organisation du service. L’idée est de recadrer le collaborateur en utilisant des exemples précis pour l’aider à s’améliorer sans pour autant le blesser.
Enfin, le dernier type est l’inconditionnel négatif. Celui-ci est à proscrire puisqu’il revient à attaquer le collaborateur dans son intégrité propre. C’est quand on critique un collaborateur sans raison valable et dans des termes peu respectueux comme si on lui disait par exemple qu’il était incompétent parce qu’il n’avait pas été capable d’agir vite dans une situation donnée. Cela dévalorise le collaborateur, lui fait perdre confiance et diminue à terme sa performance.
Les strokes doivent être utilisés de façon honnête sinon ils perdent toute leur valeur. Vous n’allez donc pas utiliser des strokes à longueur de journée, pour tout et n’importe quoi au risque d’en annuler tous les effets. Utilisez des actes de reconnaissance sur des points précis, à des moments précis.
Certains strokes ont plus de valeurs que d’autres. Dire bonjour le matin est un acte de reconnaissance de l’existence de l’autre, c’est un stroke positif commun. Cependant ce genre de stroke n’a pas le même impact que d’inviter toute son équipe au restaurant pour célébrer une réussite.
Il faut également prendre en considération que chaque collaborateur est différent avec une sensibilité propre. Certains collaborateurs ont besoin de beaucoup de strokes pour avoir confiance en eux, d’autres ont besoin de très peu de strokes ou sont plutôt mal à l’aise quand on les félicite. Vous devez donc vous adapter à votre cible pour obtenir les meilleurs résultats.
Distribuer des signes de reconnaissance : quels conséquences ? - source : www.e-marketing.fr
L’engagement des employés est principalement déterminé par l’efficacité du leadership - enquête Hogan Assessments sur le télétravail en Europe.
Le télétravail a soudainement perturbé toutes nos interactions sociales au quotidien. Les managers ont dû apprendre à lâcher le contrôle, réorganiser la supervision et surtout, ils ont dû trouver comment maintenir l’engagement des salariés à distance. Dans ce chaos professionnel, les actions de reconnaissance ont été négligées, voire complètement oubliées. Pourtant, se reposer sur les strokes pour maintenir l’engagement des salariés quand on travaille à distance, c’est encore plus utile ! Certaines actions simples vous permettront de maintenir vos KPI (Key Performance Indicators) des strokes internes dans le vert.
Les strokes se donnent au cours d’une interaction sociale. C’est un moment d’échange entre deux collaborateurs. Pour en donner à distance, vous devez donc maintenir des formes d’interactions sociales et créer les situations qui vont contribuer à ces échanges.
Pour des strokes positifs communs, comme le fait de se dire bonjour, misez sur une forme de rituel informel à distance : partager un café en visio le matin ou commencer sur le tchat professionnel en saluant tout le monde. C’est également au cours d’échanges informels que vous pourrez donner des strokes inconditionnels positifs du type : « votre facilité à faire du télétravail montre que vous avez une bonne capacité d’adaptation » ou « vous êtes énergique dès le matin, c’est agréable ».
Un échange formel au cours d’une réunion en petit comité en visioconférence est un bon terrain pour donner des strokes conditionnels positifs. Vous félicitez par exemple un collaborateur pour la qualité de sa présentation, pour son organisation en télétravail, pour sa rapidité à préparer un rapport, etc.
Pour des strokes conditionnels négatifs - c’est-à-dire les critiques constructives - comme par exemple faire remarquer qu’une présentation aurait pu être écourtée pour maintenir l’attention des interlocuteurs, préférez un entretien à deux.
Le contexte formel est propice au partage de strokes conditionnels négatifs parce que l’on est dans un contexte strictement professionnel et il y a moins d’affect en jeu. Les réunions servent généralement à avancer sur des problématiques, la critique y est donc plus facilement acceptable quand elle est justifiée et est suivie de propositions d’amélioration.
Veillez cependant à prendre en compte la sensibilité de chaque collaborateur et à ne faire des remarques constructives que sur des faits courts, circonstanciels qui ne vont pas remettre en question toute l’expérience professionnelle d’un collaborateur pour ne pas briser sa confiance en lui. Une fois que le collaborateur se retrouve à nouveau seul avec lui-même après la réunion, vous ne voulez pas qu’il commence à douter de tout son travail depuis son arrivée dans l’entreprise.
Le feedback est nécessaire, qu’il soit positif ou négatif car à distance, on a souvent peur de ne pas en faire assez, que notre travail ne se voit pas. Certains collaborateurs s’useront d’ailleurs à la tâche pour prouver qu’ils travaillent malgré la distance. Un feedback positif pour montrer que le manager est satisfait de l’implication de chacun permet d’éviter l’épuisement professionnel.
À distance, vous allez devoir redoubler d’efforts pour penser à valoriser le travail. Plusieurs situations vous permettent d’y parvenir : proposez par exemple une visioconférence pour présenter les différents services au sein d’une même entreprise et leurs missions. C’est d’autant plus efficace si vous avez recruté du personnel à distance qui ne connaît pas bien les autres collaborateurs.
Pour valoriser le travail des uns et des autres, le manager commence la visioconférence avec un portrait de chaque collaborateur en valorisant deux ou trois qualités et une anecdote professionnelle positive pour chacun puis propose un temps d’échange. Les collaborateurs se posent ensuite des questions sur leurs missions respectives et développent ainsi plus d’empathie envers des services dont ils ignoraient jusque-là les difficultés.
À noter : il est toujours plus simple de dire des choses positives d’un autre collègue que de soi-même. C’est pour cela qu’il faut que le portrait soit fait par une tierce personne qui sait identifier les qualités de chaque collaborateur. Demander à un collaborateur de se présenter lui-même et d’évoquer une qualité revient à le mettre dans une situation désagréable parce qu’il est difficile de se valoriser soi-même.
Attribuez des missions spécifiques au télétravail aux différents collaborateurs pour mieux les responsabiliser dans cette situation inédite : une personne est chargée du reporting hebdomadaire, une autre prépare la répartition de la charge de travail, un collaborateur se charge d’appeler les collaborateurs de temps en temps pour discuter et prendre des nouvelles, etc. Vous permettez ainsi aux collaborateurs de développer de nouvelles compétences et de rester impliqué malgré la distance.
N’hésitez pas à organiser des évènements virtuels pour célébrer de bons résultats ou féliciter les collaborateurs. Proposez une escape game virtuelle par équipes, une soirée quiz à thème ou offrez un abonnement VOD à l’équipe gagnante.
Le télétravail a pris de l’ampleur dans des proportions inédites, demandant une capacité d’adaptation exceptionnelle. Quand il est imposé, il peut avoir des conséquences très négatives sur la performance individuelle. Il est donc tout à fait envisageable de récompenser les collaborateurs à l’aide d’une prime spéciale « télétravail » pour reconnaître l’effort fourni et maintenir ainsi le niveau de performance élevé malgré un contexte difficile.