D’après une récente étude de l’IFOP, 55% des salariés français estiment que leur rémunération est trop faible. Une insatisfaction particulièrement ressentie chez les ouvriers alors que les cadres sont plus nombreux à se dire satisfaits : 67% des ouvriers sont insatisfaits du montant actuel de leur salaire, tandis que ce taux d’insatisfaction tombe à 36% chez les cadres.
Selon une récente étude « Révélez vos talents », réalisée par ADP, 43% des Français déclarent être satisfaits de leur salaire lorsque celui-ci arrive sur leur compte en banque, soit moins d’un Français sur deux. Ils sont même plus de 14% à ressentir de la « déception ».
Cette enquête réalisée à l’échelle européenne s’est penchée sur les niveaux de rémunération de plus de 2 500 salariés, en France, en Allemagne, en Italie, aux Pays-Bas, mais également au Royaume-Uni. Les résultats globaux de l’étude mettent en évidence que seul un Européen sur dix déclare être déçu de son salaire, quand la moitié des salariés français se déclarent insatisfaits par leur rémunération. L’insatisfaction liée au salaire serait-elle une problématique française ?
Les salariés gagnant plus de 3 000 euros net par mois sont les moins insatisfaits de leur situation. Ils sont 22% seulement à trouver que leur rémunération est trop faible. À l’inverse, les personnes gagnant entre 1 000 euros et 1 499 euros net mensuel s’estiment insatisfaites pour 75% d’entre elles. – Extrait étude IFOP
D’après l’enquête ADP, les Hollandais occupent la première marche du podium de la satisfaction liée au salaire avec plus d’un salarié sur deux satisfait de sa rémunération. Avec 23% de satisfaits, les Anglais sont quant à eux « les plus heureux au moment de la paie » contre seulement 9% des Français. Néanmoins, les Britanniques ne sont que 30% à déclarer être satisfaits du montant de leur paie, bien loin derrière les Hollandais ou les Allemands, avec respectivement des taux de satisfaction de 56 et de 49%. En queue de peloton, on retrouve les Français qui sont ainsi les Européens « le plus souvent déçus par leur salaire », plus de 14%, tandis qu’aux Pays-Bas seulement 5% des travailleurs se disent « déçus ».
La perception de satisfaction d’un niveau de salaire va différer selon la manière dont celui-ci sera dépensé. Ainsi, les Français, champions européens de l’épargne, vont utiliser leur revenu disponible pour en priorité épargner. Ils sont ainsi plus de 24% à épargner chaque mois une partie de leur salaire contre seulement 15% des Italiens. Cette part importante du salaire destinée à être épargnée entre directement en jeu dans la perception singulière ressentie par les travailleurs français. Ces derniers n’utilisant pas leur argent immédiatement pour réaliser des achats du quotidien peuvent ressentir une certaine déception, voire une frustration liée à une consommation plus limitée.
Les postes de dépense vont différer selon les pays. D’après l’étude « Révélez vos talents », les vacances seraient prioritaires pour plus de 27% des Hollandais et 25% des Italiens, quand seulement 18% des Français les placent en top des priorités de dépenses. Les Français dépenseraient également moins que leurs voisins européens en sorties culturelles, les Britanniques sont ainsi plus de 21% à dépenser leur salaire pour se divertir contre seulement 10% des Français.
L’insatisfaction à l’égard des salaires concerne plus de 55% des salariés travaillant dans des entreprises privées et publiques, selon le sondage « Les salariés français et leur salaire » de l’IFOP et Salaire-brut-en-net.fr. Et logiquement cette insatisfaction est plus élevée chez les personnes touchant moins de 1 500 € net mensuel (66% à 75%), dont les ouvriers (66%) et les personnes ayant un diplôme inférieur au BAC (65%). Et ce n’est pas prêt d’évoluer à court terme car 63% des salariés interrogés n’entrevoient pas de perspectives d’augmentation.
Pour satisfaire pleinement les salariés français, leur salaire mensuel net devrait augmenter de 512 € en moyenne soit 6 240 € par an. Or, ceci comprend les salariés qui gagnent plus de 3 000 € et qui souhaiteraient un niveau d’augmentation bien plus important que la majorité des salariés (735,60 € en moyenne).
Les Français estiment « bien gagner leur vie » à partir d’un salaire net de 2 351 euros par mois. À noter que les habitants de la région parisienne fixent ce seuil à 2 789 euros quand les Français de « Province » l’établissent à 2 254 euros. – Extrait étude IFOP
Selon l’étude ADP, pour 51% des Européens « travailler permet surtout de gagner un salaire qui répondra à leurs besoins et leurs envies ». Le plaisir de travailler, l’amour de son travail ou encore de son entreprise sont quant à elles des notions motivantes pour seulement 20% des salariés européens. Ainsi, ils sont une minorité de travailleurs européens à travailler « parce qu’ils aiment ce qu’ils font », mettant ainsi en avant en priorité la récompense financière induite par le travail.
Plus d’un tiers des salariés interrogés (38%) répondent que leur première motivation à travailler est ainsi « de pouvoir payer ce dont ils ont besoin » et pour 13% d’entre eux de « pouvoir s’acheter les choses dont ils ont envie. » En revanche, seulement un dixième d’entre eux déclarent que c’est « parce qu’ils souhaitent apprendre et évoluer dans leur carrière » qu’ils travaillent, et ne placent pas le niveau de rémunération dans leurs critères prioritaires en matière de choix professionnels.
On note également des disparités en fonction de l’âge : 27% des 18-24 ans préfèrent épargner pour leur futur. À contrario, 26% des plus de 40 ans citent les vacances comme première utilisation de leur revenu disponible. Ainsi, les attentes différent en matière de flexibilité du travail et de niveau de rémunération, notamment après 10 ans de travail salarié.
Le salaire est l’un des facteurs influençant le plus l’engagement des employés dans leur travail et leur attachement à une entreprise. Néanmoins, les différentes enquêtes ont montré qu’il pouvait exister un certain équilibre entre les salariés motivés par leur travail uniquement pour des raisons financières et ceux portés davantage par des facteurs personnels de satisfaction, comme celui de s’épanouir au travail.
Selon un rapport de la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale, en France, on estimerait à plus de 3,2 millions le nombre de personnes souffrant d’un mal-être au travail. Des situations qui pourraient être évitées si les employeurs veillaient à la santé et à la sécurité de ses employés en mettant en place des actions de prévention.
La rémunération variable peut considérablement favoriser l’engagement des employés et donc diminuer leur stress à condition que les résultats attendus et le sens trouvé aux missions aient bien été expliqués et compris du salarié. La fixation d’objectifs clairs, pertinents et la transparence autour du système de primes serait donc un levier d’action satisfaisant pour éviter toute souffrance au travail des collaborateurs.
Mise à part la rétribution financière, il est important de ne pas négliger la reconnaissance portée aux salariés. En effet, le besoin de reconnaissance est placé au même niveau que l’espérance de gagner une rémunération intéressante par les salariés français, et peut avoir des impacts remarquables sur la motivation des équipes.